[hal-01136844] Sensibilité, mobilisation et expérience corporelle

Notre intervention, ainsi que notre parcours, trouvent à leur origine des insatisfactions de terrain liées aux pratiques de formation en volley-ball, ainsi que l’étude des pratiques des expéditeurs polaires. Nos allers-retours entre constats, matériaux et interprétations nous ont conduit vers une conception énactive radicale, critique et composite, de deux inséparables : l’activité et l’expérience des organismes/vivants. Les principales propositions défendues et illustrées sont : nous repérons chez les pratiquants une diversité de populations caractérisées chacune par une sensibilité à particulière ; les différentes sensibilités ne sont pas à hiérarchiser car elles ont le même statut du point de vue ontologique et épistémologique ; chaque sensibilité clôt la nature des interactions l’activité/expérience possible et celles des apprentissages inhérents ; l’émergence d’une nouvelle sensibilité constitue une genèse identitaire ouvrant à un nouveau monde propre, à une nouvelle pratique, à un autre corps. Nous en tirons les conclusions suivantes : l’expression « expérience corporelle » constitue un pléonasme ou bien désigne un champ restreint de pratiques culturelles ; le corps n’est pas la bonne entité de référence pour appréhender l’activité/expérience, car il est intégré dans une totalité et une évolution plus vastes ; l’expression « sensori-moteur » (voire perception-action) est trompeuse et réductrice, en ce qu’elle met l’accent sur les interfaces individu-environnement ; en revanche, sensibilité et mobilisation sont les deux faces de l’organisation interne, de la relation intime/opaque de l’individu à son monde ; elles manifestent l’essentiel désir de viabilité animant toute « allure de vie » ; la dialectique sens (conçu comme sensibilité structurante, c’est-à-dire orientation du comportement à partir d’une valeur directrice) - signification (les qualités des objets du monde) est un enjeu d’étude crucial au plan théorique ainsi qu’au plan des pratiques de formation ; il faut aller aussi loin que possible afin de relever le défi consistant à approcher l’intelligibilité de la sensibilité et de la mobilisation ; « agir » (investi) et « faire » (le faire est proche de la neutralisation) sont à distinguer sur la base de la sensibilité et de la mobilisation.



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