Comment appréhender l’activité, l’expérience, et l’incorporation ? Dans quelle mesure sont-elles connaissables ? Contiennent-elles des formes de connaissance que la démarche habituelle de la science risque de ne pas apercevoir ? Peut-on évoquer à leur égard des relations entre des entités distinctes ? Sont-elles plutôt intégrées en une unité indécomposable ? Quelle serait alors l’unité de l’être ? Quel accès, quelles méthodes d’analyse et d’étude, et quels terrains, pour en rendre compte ? Dix contributions explorent la complexité de la place du corps, de la sensibilité, dans toute activité, dans tout processus de construction de l’expérience, que le corps y soit manifestement présent (le sport) ou beaucoup plus discret en apparence (la science). Chacun y affirme son point de vue, ses conceptions théoriques, épistémologiques, voire ontologiques. Mais ce qui est frappant, c’est la forte convergence qui se manifeste en ce qui concerne l’identification des problèmes posés par cette interrogation sur la place, le rôle, le statut du corps dans l’activité et l’expérience. Quelques lignes de forces se dégageant des positions et perspectives adoptées par les auteurs en écho aux questions proposées au débat : - la nécessité de préciser ce qu’on entend par « expérience », de préciser les temporalités qu’elle recouvre ; - l’accent porté sur des formes opératoires et pré-réfléchies de connaissance qui permettent de distinguer ce qui est vécu et ce dont on fait l’expérience, présentes y compris dans le domaine de l’activité scientifique ; - une voie prometteuse consistant à s’intéresser à l’étude de formes sédimentées/condensées d’expérience et d’activité individuées ou collectives en situation écologique ; - un intérêt porté à la recherche de phases ou de sources originaires pour mieux comprendre ce qui fait l’unité du système « activité, expérience, incorporation » ; - les tentatives de rendre compte de manière à la fois rigoureuse et économique de la complexité à l’œuvre ; - la notification d’une absence de différenciation entre intérieur et extérieur, entre sujet et objet, entre soi et monde dans l’activité et l’expérience corporelle ; - la reconnaissance d’un processus dynamique et créateur comportant des réorganisations, y compris chez l’adulte ; - une diversité des formes et des processus d’incorporation ; - des perspectives d’étude de l’incorporation comme construction d’un nouveau corps (de sensations, de sensitivité) ; - une montée en puissance des considérations d’ordre axiologique, positionnant un sujet de valeurs, un sujet investi qui vient enrichir le débat sujet épistémique/sujet capable et qui questionne le caractère dissociable du trio valeur/connaissance/action.
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