A l’heure de l’évaluation généralisée, il convient de s’interroger sur les valeurs qui sous-tendent les pratiques, dispositifs et outils d’évaluation. Souvent, cette interrogation reste technique et méthodologique. Le but pragmatique est de comparer l’objet évalué à des normes extérieures en contrôlant la démarche entreprise. Cette approche évacue le fait que l’évaluation renvoie aussi à des univers symboliques et subjectifs, à des contextes socioculturels, à des constructions personnelles et collectives, à des significations coélaborées. Des décennies de recherches en sciences sociales ont montré le potentiel aliénant des pratiques d’évaluation traditionnelles : reproduction et légitimation des inégalités, baisse de motivation, étiquetage identitaire, impact négatif sur l’apprentissage. Ces constats ont débouché sur une remise en question des pratiques d’évaluation traditionnelles et des alternatives ont été proposées : évaluation formative, évaluation authentique, évaluation par compétences, autoévaluation, évaluation différenciée… Ces alternatives annoncent une visée émancipatrice. L’évaluation devient une occasion d’apprendre (assessment as learning, Earl, 2003). Ce symposium interroge le rôle possible de l’évaluation dans les processus d’émancipation et d’autonomisation à la fois individuelle et collective dans le contexte de l’enseignement supérieur, afin de questionner les conditions sociales, culturelles et technique d’une évaluation qui a pour fonction de soutenir « le processus éducatif par lequel nous sommes créateurs de nous-mêmes » (Dewey, Education et démocratie, p 73).
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